Les Fonds perdus des orphelinats roumains

1 January 1999

Le Point - Publié le 23/01/2007 à 13:42

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Les Fonds perdus des orphelinats roumains
Les  fonds perdus des orphelinats roumains Les  fonds perdus des orphelinats roumains

    La plupart  des orphelinats roumains se trouvent, à nouveau, dans une situation  catastrophique. Pourtant, depuis la chute de Ceausescu, les organisations  non gouvernementales et la Commission européenne, qui a débloqué  400 millions de francs de 1990 à 1997, n'ont pas ménagé  leurs efforts. Où est donc passé cet argent ? « Les  400 millions n'ont pas bénéficié aux enfants abandonnés  de Roumanie mais aux intermédiaires occidentaux chargés par  les services de la Commission d'exécuter les programmes », lit-on dans le dernier rapport de l'association française Solidarité  enfants roumains abandonnés. « Nous avons vu défiler  trop d'experts occidentaux », confirme pour sa part Nadine Outin,  permanente de Médecins du monde à Bucarest.   
    Pourtant, à la fin de 1996, la  création, par le nouveau gouvernement de centre droit, d'un département  pour la protection de l'enfant dirigé par Cristian Tabacaru, jeune  et compétent médecin soutenu par la Commission européenne,  ouvrait de sérieuses perspectives d'amélioration. C'est le  contraire qui s'est produit : la situation des enfants abandonnés  a empiré. Et la Commission lâche l'argent au compte-gouttes.  Si bien qu'aujourd'hui les orphelinats ne peuvent assurer ni la nourriture  des enfants ni les salaires des employés, dont bon nombre ne sont  pas payés depuis plusieurs mois.   
    Bruxelles renvoie la faute sur les autorités  roumaines, qui, confrontées à une grave crise économique,  coupent dans les dépenses sociales pour complaire aux exigences  du FMI. Pour la Commission, toute idée d'adhésion de la Roumanie  à la Communauté est exclue tant que rien ne sera fait pour  les orphelinats, action qui relève du simple respect des droits  de l'homme. Radu Vasile, le Premier ministre, dans un document resté  confidentiel, s'est engagé, en juillet, à débloquer  730 millions de francs sur le milliard nécessaire à la simple  survie des orphelinats jusqu'en avril 2000. Bruxelles réunirait  les fonds manquants en coopération avec d'autres institutions internationales.  Comme on imagine mal à Bucarest comment le gouvernement pourra tenir  ses engagements, on a peu d'espoir de voir arriver les fonds communautaires.  Du coup, on se prend à penser que la Commission, pour ne pas renouveler  les échecs passés - qu'elle nie -, fait tout pour ne plus  s'engager, alors que la situation des orphelinats roumains frôle  la tragédie.    Mirel Bran (à Bucarest)