Adoption : les temps sont durs

6 June 2013

Adoption : les temps sont durs

Baisse des adoptions, débats sur la filiationâ?¦Les adoptés organisent leurs premiers états généraux sur un constat morose.

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Le 8 juin 2013 à 07h00

Adoption : les temps sont durs

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Pour la toute première fois, ce sont les adoptés eux-mêmes qui réunissent les acteurs de l'adoption en France. Ils seront tous là, aujourd'hui, à l'espace Saint-Martin, à Paris : l'ambassadeur de l'adoption internationale, les opérateurs qui font le lien avec les pays, l'Agence française de l'adoption, les associations de famillesâ?¦

« L'idée, c'est vraiment de faire le point sur l'adoption en France aujourd'hui, à un moment tendu et un peu douloureux », explique Cécile Février, psychologue et présidente du Conseil national des adoptés, que ses parents sont allés chercher en Colombie à l'âge d'un an et demi. Comme elle, au moins 120000 Français ont été adoptés à l'international ces quarante dernières années et ils estiment avoir leur mot à dire. « Le contexte est sombre. On veut montrer qu'il n'y a pas de clivage entre nous et ces familles qui attendentâ?¦ Et être une force de proposition pour faire bouger les choses. »

 

Pays étrangers réticents

Il faut dire que les derniers bilans ont de quoi décourager les postulants à l'adoption en France : le nombre d'orphelins adoptés sur le sol français stagne autour de 800 par an tandis que le nombre d'enfants adoptés à l'étranger a été divisé par deux en dix ans.

En 2012, ils n'ont jamais été aussi peu nombreux : 1569. Et la moitié d'entre eux sont des « enfants à besoin spécifique » : âgés de plus de 5 ans, en fratrie, ou présentant des pathologies. Certes, le contexte est général : les pays d'adoption donnent priorité à l'adoption nationale, mais nos voisins italiens ont quand même adopté deux fois plus d'enfants que les Françaisâ?¦ Et ce n'est peut-être pas un hasard. Depuis le rapport Colombani et le lancement en 2008 d'un réseau de jeunes coopérants dans les pays d'adoption, les Volontaires de l'adoption internationale, sous l'ère de Rama Yade et de son Monsieur Adoption, Eric Walter, l'impulsion pour relancer l'adoption de manière éthique semble être retombée. Le grand Service pour l'adoption internationale est même discrètement redevenu « une mission ». Pourtant, sur le papier du moins, les nouveaux couples homosexuels pourront grossir les rangs des milliers de postulants à l'adoption, dont le nombre baissait ces derniers temps. Les adoptés ne manqueront d'ailleurs pas de dire à quel point le débat sur le mariage pour tous les a blessés.

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« Il y a eu des remises en cause de l'adoption plénière et des débats terribles sur la filiation », regrette Cécile Février. « Nous sommes pourtant là pour témoigner qu'un papa et une maman biologiques, ce n'est pas forcément ce qui fonde la famille. »