DOCUMENTARY: #Investigation : trafic d’enfants, destins volés
INVESTIGATION
#Investigation : trafic d’enfants, destins volés
25 avr. 2023 à 11:16 - mise à jour 26 avr. 2023 à 10:53•
3 min
Par Malika Attar
"Dans l’intérêt supérieur de l’enfant" cinq mots qui résument à eux seuls toute la philosophie de l’adoption.
L’objectif est clair : il s’agit d’offrir des parents à un enfant et pas l’inverse. Mais que se passe-t-il quand on découvre qu’une enfant adoptée en Belgique en suivant toutes les procédures légales, a encore ses parents biologiques, et que ces derniers n’ont jamais voulu s’en séparer ?
Ce drame, c’est l’histoire d’Irène et de Sébastien. Aujourd’hui, cela fait 7 ans qu’ils se demandent de quoi l’avenir de leur famille sera fait.
Sébastien et Irène, les parents adoptifs. © Tous droits réservés
Thérèse, c’est le prénom qu’ils ont donné à leur fille, adoptée en République démocratique du Congo en novembre 2015. Zakietu, c’est le prénom qu’elle a reçu de ses parents biologiques le jour de sa naissance en janvier 2012. Aujourd’hui, l’adolescente sait que d’autres ont joué avec son destin comme un pion sur un échiquier. Elle a quitté à trois ans son village de Gemena pour un court séjour à la capitale. Elle s’est retrouvée dans un orphelinat de Kinshasa, partenaire de la Belgique dans une toute nouvelle collaboration en matière d’adoption. C’était en 2015. Ensuite, direction Bruxelles pour atterrir dans les bras d’autres parents aimants.
" Nous ne voulions pas adopter un enfant à tout prix ! explique Irène les yeux embués, notre démarche n’a de sens que s’il s’agit d’un enfant en danger, abandonné dans son pays d’origine ". Ce n’était pas le cas. " Si je l’avais su, j’aurais moi-même été redéposer cet enfant que j’aime, dans les bras de son autre maman " poursuit-elle.
Seulement voilà. L’histoire de Thérèse s’écrit désormais au rythme des procédures judiciaires.
Sept ans pour aboutir au seul renvoi devant le tribunal correctionnel de la directrice de l’orphelinat de Kinshasa où s’est retrouvée Thérèse. Julienne Mpemba, c’est son nom, devra notamment répondre de trafic d’enfants dans cinq dossiers. Mais au moment d’écrire ces lignes, les parties aux procès n’ont pas encore réussi à se mettre d’accord sur le calendrier des audiences.
Attente donc. Encore.
Ensuite, ce sera un autre rendez-vous qu’il faudra guetter : celui devant une autre juridiction, probablement le tribunal de la famille, qui prendra les mesures concrètes concernant Thérèse notamment. D’autres, des juges cette fois, vont décider de son destin. Encore.
" Serait-ce dans l’intérêt de ma fille, qui grandit ici depuis plus de 7 ans, qui ne parle plus sa langue maternelle, de recasser encore ces liens ? De lui reprendre encore une fois son identité ? ", des questions qui collent au quotidien de Sébastien. Comme d’Irène : " si l’adoption est cassée... Je ne sais pas ce qui nous attend…ni comment on va faire face. "
© Tous droits réservés
L'humanité comme bouclier
Sur le continent africain, loin de tous moyens de communication… les mêmes questions se mêlent aussi à l’incommensurable souffrance de la maman biologique de Zakietu.
Fifie, la maman biologique. © Tous droits réservés
" Aujourd’hui, je sais qu’elle est vivante et qu’elle va bien," explique Fifie depuis son village de Gemena," je l’ai tellement cherchée partout… ".
Elle sait qu’il y a un procès et que d’autres vont donc encore décider du destin de sa fille …
Seule éclaircie dans ce marasme : l’amour que ces deux familles portent à cette même jeune fille de 12 ans. La seule solution audible dans cette affaire, viendra peut-être de là : ce sont eux qui devront oser l’humanité comme bouclier à l’ignoble trafic dont ils sont tous les victimes.
Aujourd’hui, quand c’est possible, des photos sont échangées entre Bruxelles et Gemena. Mais pas encore de rencontres physiques. Cela se fera. Du moins, c’est ce que l’on devine dans les yeux de ces deux femmes, de ces deux mamans qui, elles, savent ce que veut dire " l’intérêt supérieur de l’enfant ". Réellement.
Investigation : trafic d'enfants, destins volés. A regarder ce mercredi soir 26 avril, à 20h20 sur la Une.
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