Haïti, de l'adoption au trafic
LE MONDE | 10.02.2010 à 13h35 • Mis à jour le 18.07.2011 à 13h51 | Par Jean-Michel Caroit - Port-au-Prince et Saint-Domingue Correspondant
Dix jours après le séisme qui a dévasté Haïti, une employée de l'Unicef rendait visite à des collègues évacués de Port-au-Prince à l'hôtel Santo Domingo, sur le front de mer de la capitale dominicaine. Un groupe de plusieurs dizaines de jeunes enfants haïtiens, accompagnés de quelques étrangers, attire son attention. Interrogé, un des responsables du groupe réplique que ces enfants ont été adoptés de manière légale et qu'ils partent vers l'Allemagne.
La fonctionnaire de l'Unicef demande en vain à voir les documents des enfants, et alerte le Conseil national pour l'enfance et l'adolescence (Conani), l'instance dominicaine chargée de la protection des mineurs. Une discussion tendue s'engage, qui monte d'un cran avec l'arrivée de l'ambassadeur d'Allemagne à Saint-Domingue, Christian Germann.
Péremptoire, il affirme avoir les autorisations nécessaires au départ du groupe d'enfants, tant des autorités haïtiennes que dominicaines. Il exige, et obtient, que le groupe de 63 enfants, âgés de moins de 5 ans, s'envole le soir même vers Francfort. Ce départ houleux s'est produit après la directive du premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive, en date du 20 janvier, exigeant sa signature pour toute adoption d'enfant. Aucun de ceux partis vers l'Allemagne n'a obtenu cette autorisation signée par le premier ministre.